LA GUYANE.
Pour motif professionnel, je suis parti une semaine en Guyane et je ne suis dit que cette destination n'aurait pas été un choix naturel de ma part pour y séjourné donc plutôt content d'y aller dans ces conditions au premier abord.
La Guyane pour moi, c'est quoi ?
D'abord la forêt, énorme surface avec un riche patrimoine biologique. C'est aussi les problèmes liés à l'orpaillage. Et puis c'est l'armée à travers la légion étrangère et la survie en milieu hostile et bien évidemment c'est le bagne avec les îles du Salut entres autres.
Enfin la Guyane, c'est l'espace avec Ariane et le site de lancement européen à Kourou. Mais aussi la colonisation.
En résumer la Guyane, c'est la colonisation, la nature, l'espace et globalement la justice.
Entre l'aéroport de le vieux centre il faut compter 60-65€ pour 16 kms de trajet pour deux personnes. Je trouve que le taxi est très cher. Faites attention aux nombres importants de taxi clandestins.
En arrivant j'ai été étonné de ces tarifs puisque Paris-aéroport CDG, nous sont à 50€ pour 35 kms.
Il est bon de savoir à quoi vous serez mangé pour être transportés. L'option location de voiture peut s'avérer plus intéressante pour votre séjour. Et enfin concernant l'essence, son prix est règlementé et le même quelque soit la station du pays.
J'ai trouvé les plages belles notamment la sauvage plage d'Awala au nord du pays à la frontière avec le Surinam où d'ailleurs certaines tortues viennent pondre à la saison.
Mais la particularité qui peut ne pas plaire, est l'aspect boueux permanent de l'eau lié à l'état des sols vaseux de la mangrove.
Un peu plus de 3h de route dans un bon état pour ceux qui auraient des craintes entre Cayenne et Saint laurent du Maroni.
Comment dire mon émotion d'avoir vu ce lieu plein de souffrance lié à notre Histoire. Je n'ai pas vraiment vu le côté nature du pays mais cela sera l'occasion d'y revenir en revanche la Guyane m'a immergé entièrement dans un passé que je ne connaissais que de loin. Là, j'ai mis les pieds dans l'inhumanité où la violence, les punissions et les maladies en tous genres étaient le quotidien d'une communauté d'êtres vivants pour pas longtemps.
Quand les hommes et les femmes étaient envoyés au bagne, ils ne revenaient pas, il n'y avait pas de billet retour quand on était envoyé en Guyane après 1 à 2 semaines de navigation selon que l'on s'arrêtait en Algérie ou pas. On estime à 1% sur 101 ans ceux qui sont revenus. Alfred Dreyfus, Guillaume Seznec et Papillon pour les plus connus sont passés par ce bagne mais c'est au total 60 000 personnes, 60 000 bagnards et bagnardes, prisonniers politiques ou pas qui sont passés dans la capitale du bagne dans des conditions totalement inimaginables sauf à y venir pour se trouver face à des murs encore debout, face à des blockhaus encore entiers, face à des cellules aux murs noirs de charbon pour marquer la peau des Hommes n'ayant pas le droit de toucher les murs de la république, face aux dortoirs surpeuplés, face aux emplacements des guillotines où une cinquantaines d'hommes sont morts au non de la république et bien sûr face au système d'attaches pieds sur les planches de bois pour dormir.
Le bagne fermera en 1946 après le décret loi Daladier de 1938, ce lieu est classé monument historique aujourd'hui et à voir pour ne pas oublié que l'Homme est un incroyable inventeur de souffrance.
Je me suis dit que cela était le passé et puis je me suis dit que cela était le présent : Guantanamo aux USA, la torture de guerre : Ukraine Russie ? Hamas Israël ? Dans nos prisons ? Le sujet est difficile et complexe mais une cellule du bagne faisait 3 à 4 m2 si je ne me trompe pas. Je sais que nos prisons sont actuellement surpeuplé, je me suis donc demandé si en espace de vie, nos prisonniers avaient plus de m2 ou pas ? Je n'ai pas la réponse ...
Un artiste lillois, Francis Lagrange, bagnard à Saint Jean-du-Maroni et condamné à 10 ans de travaux forcés pour fausse monnaie et évasion, embarque en 1931 pour la Guyane. Il a peint des scènes du bagne et certains tableaux sont exposés au musée de Cayenne.
Très touchant cet artiste qui laisse une trace de ces terribles moments.
En conclusion, je suis peut-être un des rares à vouloir revenir pour en savoir plus et découvrir un peu plus la nature infinie de la Guyane.